Bibliothèque d’objets :  exemple avec La Manivelle Lausanne

La mutualisation en réponse à la surconsommation

Publié le 1er mars 2024, le rapport de l’UN sur les ressources mondiales condamne notre usage « insatiable » des ressources mondiales et souligne la nécessité de transformer au plus vite notre consommation et notre production afin de réduire drastiquement la pression des activités humaines sur le climat et sur la biodiversité. Dans ce contexte, la mutualisation apparaît comme un premier élément de réponse au problème monumental de la surconsommation.

La mutualisation peut être définie comme l’action de partager un objet ou une ressource entre plusieurs individus. Cette mise en commun fait ainsi appel aux notions de coopération et de solidarité. Les exemples de mutualisation sont nombreux : on peut ainsi penser à des voisins qui se prêtent un tire-bouchon pour un dîner, ou encore à un espace de coworking où des travailleurs et travailleuses partagent un espace professionnel. D’un point de vue environnemental, c’est assez logique de déduire que l’impact d’un four à raclette partagé entre cinq personnes sera plus faible que l’impact de produire et d’utiliser cinq fours pour tout autant d’individus. Ces exemples peuvent paraître anodins, mais c’est en appliquant cette logique à l’échelle mondiale que l’on réalise les économies de ressources (y compris financières) que cette pratique peut accomplir.

Un exemple de mutualisation : La Manivelle Lausanne

C’est avec cette ambition que l’association suisse à but non lucratif La Manivelle Lausanne a été créé en 2019, inspirée par le projet genevois du même nom. Première bibliothèque d’objets du canton de Vaud, La Manivelle fonctionne sur un principe relativement simple : en ouvrant un compte sur leur catalogue en ligne, on peut souscrire à un de leurs abonnements et ainsi louer un ou plusieurs objets pour une durée de deux semaines (prolongation possible jusqu’à un mois).

La Manivelle fonctionne ainsi grâce aux abonnements de ses membres et aux dons de donateurs et donatrices. L’association vaudoise compte une dizaine de membres bénévoles qui participent selon leurs envies. La communauté ainsi créée se charge de récolter les objets, souvent fruits de dons ou achats de seconde main, de les stocker et de gérer les prêts. Un grand travail est également fourni pour entretenir ce catalogue : afin de prolonger au maximum la durée de vie des objets, un grand soin est donné à leur entretien et ce sont généralement les bénévoles qui s’improvisent bricoleurs et bricoleuses pour réparer les dégâts mineurs qui peuvent résulter d’emprunts fréquents. L’association contribue ainsi à une logique d’économie circulaire et collaborative en donnant une seconde vie à des objets du quotidien.

Articles à la location

Bibliothèque de La Manivelle Lausanne.
Bibliothèque de la Manivelle Lausanne

La Manivelle loue tout type d’objet : bateau gonflable, décorations, outils de jardinage, enceinte, casserole, chaise longue, etc. Dans les best sellers on retrouve des outils de bricolage (ponceuse, perceuse, etc.) et plus étonnamment des guirlandes lumineuses et une boule à facettes !

L’association n’accepte cependant pas certaines catégories d’objets comme ceux liés à l’hygiène et à la sécurité, ainsi que les vêtements et les chaussures.

Partenariats

Un aspect important pour l’association est leur engagement social et leurs partenariats précieux. La Manivelle travaille avec l’EVAM (Établissement vaudois d’accueil des migrants), permettant ainsi à des personnes migrantes de rejoindre l’équipe des bénévoles pendant leurs permanences. En plus d’offrir à ces personnes la possibilité de s’insérer dans un environnement professionnel, ce partenariat promeut un lien social et communautaire entre ces personnes et les autres membres de l’association.

D’autres partenariats importants à mettre en avant comportent celui avec l’entreprise japonaise Makita qui a fourni à la Manivelle Lausanne des outils neufs, ou encore le partenariat avec la Ville de Lausanne dans le cadre du projet « kit alimentaire »[1]. Du côté social il y a également d’autres partenariats de réinsertion avec JobTrek et Bénévolat Vaud.

La Manivelle Lausanne bénéficie également de dons monétaires qui lui ont notamment permis d’embaucher une personne salariée pour étendre les permanences et permettre ainsi à l’association de gagner en visibilité.

Conclusion

Dans un pays comme la Suisse où l’on reste très attaché à la propriété privée, intégrer la mutualisation d’objets dans les mœurs est un défi qui requiert un changement important de notre vision du monde. N’acheter que des objets que l’on utilise au quotidien et emprunter ceux réservés à un usage ponctuel n’est pas chose aisée à concevoir, particulièrement lorsque l’on a les moyens d’acheter.

Et pourtant nous concevons très bien d’emprunter des livres à la bibliothèque, ou encore de demander à un ami de nous prêter une tronçonneuse.  Pourquoi donc ne pas pousser l’imaginaire un peu plus loin et embrasser les bibliothèques d’objets ? Des réseaux de mutualisation existent même à petite échelle : le projet pumpipumpe propose par exemple des autocollants à coller sur sa boîte aux lettres pour indiquer à son voisinage quels objets nous voulons bien prêter. Plus d’excuse pour acheter des objets qui passeront la majorité de leur vie à prendre la poussière dans un placard !

Si vous désirez soutenir la Manivelle Lausanne, n’hésitez pas à prendre un abonnement à la bibliothèque (il existe également des abonnements pour les entreprises) ou à leur faire un don. Il est également possible d’offrir des mois d’abonnement à la Manivelle sous forme de bon, toutes les informations sont disponibles ici. Ils sont également toujours à la recherche de bénévoles pour compléter leur équipe et augmenter leur impact positif sur la société. N’hésitez pas à consulter leurs horaires d’ouverture sur leur site internet.

Des bibliothèques d’objets existent également dans d’autres endroits de Suisse romande : on peut notamment en trouver à Genève, Nyon, Vevey, Sion, Yverdon-les-Bains et Martigny.


[1] La Ville de Lausanne, par le biais de la Manivelle, met à disposition des kits de transformation alimentaire afin de tenter la déshydratation des aliments, la lactofermentation ou encore la stérilisation des bocaux.

FAQ

La mutualisation d’objets participe à la construction d’une économie sociale et solidaire, notamment en réduisant la demande pour de nouveaux produits et en maximisant le cycle de vie des objets existants. Cela permet également d’optimiser l’utilisation des ressources et ainsi de diminuer la pression que les activités humaines exercent dessus. Finalement, la mutualisation d’objets profite à la collectivité: elle permet de faire des économies d’argent et promeut une consommation collaborative et responsable.

Bien qu’il existe des bibliothèques d’objets sous le nom « La Manivelle » dans plusieurs cantons romands, elles n’appartiennent pas à la même structure. Il y a cependant eu un grand partage de ressources logistiques entre les Manivelles de Lausanne, Genève et Nyon. La différence principale tient du fait qu’à Lausanne l’espace est tenu par une association dont les membres sont bénévoles, ce qui n’est pas le cas à Genève. Il y a malgré tout beaucoup d’échanges et de partage entre les différentes bibliothèques d’objets des cantons romands.

Non, pour emprunter un objet à La Manivelle il faut prendre un abonnement. Il existe l’option de prendre un abonnement mensuel ou annuel. On peut aussi offrir des mois d’abonnement à La Manivelle comme « bon cadeau » pour un anniversaire par exemple.

Si un objet est perdu ou endommagé au-delà du réparable, La Manivelle peut vous demander de leur donner un autre objet à rajouter au catalogue à la place! Si aucun objet ne peut être donné, une compensation financière sera demandée dépendant de l’état initial de l’objet avant l’emprunt.