Permaentreprise et B Corp : quelles différences ?

Pourquoi avons-nous entrepris des démarches pour devenir une entreprise certifiée permaentreprise alors que nous possédons déjà la certification B Corp ? Vous verrez dans cet article que, bien que se rejoignant sur de nombreux points, les deux certifications sont uniques et complémentaires. Découvrez leurs différences et leurs points communs.  

Parmi les nombreuses certifications existantes dans le domaine de la responsabilité sociétale des entreprises, le mouvement B Corp a su s’imposer comme garant de fiabilité et de qualité. La certification atteste qu’une organisation a atteint un haut niveau de performance sociale et environnementale, et n’a plus à défendre sa crédibilité.

De nombreuses autres certifications existent néanmoins, récompensant les entreprises considérées comme « durables » sur différents niveaux. La certification permaentreprise est très récente et pas conséquence moins connue en Suisse. Sa pertinence nous paraît cependant indisputable, ce qui motive notre volonté de la faire connaître sur le marché suisse. Il est donc important de montrer en quoi elle se distingue de ses concurrentes. Examinons donc les distinctions entre les certifications permaentreprise et B Corp.

Des noms différents pour une vision similaire

Rappelons-le, la permaentreprise s’inspire de la permaculture et s’appuie sur trois principes éthiques qui sous-tendent la raison d’être ainsi que toutes les actions de l’organisation. Ces principes sont :

  1. Prendre soin des humains à l’intérieur et à l’extérieur de l’entreprise
  2. Prendre soin de la planète
  3. Se fixer des limites et partager équitablement les richesses

L’objectif ultime du processus permaentreprise est ainsi d’améliorer les conditions d’existence des êtres humains tout en visant un usage sobre des ressources et en respectant les limites planétaires.

De son côté, l’organisation B Lab se décrit comme un réseau cherchant à transformer l’économie mondiale au profit de tous les individus, communautés, et de la planète. La vision de B Lab est portée sur une économie inclusive, équitable et régénérative[1]. Dans cette optique, la certification B Corp se veut pionnière d’une transformation des modèles d’affaires afin de trouver un équilibre entre le profit et les impacts sociaux et environnementaux. Aujourd’hui, les entreprises certifiées B Corp sont considérées comme des exemples à suivre en matière de transparence et de performance sociale et environnementale. La particularité de cette certification vient également du fait que toute entreprise B Corp doit modifier sa structure juridique pour inclure son engagement en faveur des parties prenantes sur le long terme.

Si leur source d’inspiration diffère, les certifications permaentreprise et B Corp proposent néanmoins des visions très similaires.  Elles insistent sur la nécessité de repenser les modèles d’affaire dominants afin de s’éloigner de la traditionnelle maximisation du profit qui s’applique aux dépends des ressources naturelles et du bien-être des individus. Les deux mouvements ont également en commun qu’ils ne nient pas la nécessité de faire du profit, mais soulignent l’importance d’inscrire ses bénéfices dans un cercle vertueux où les ressources naturelles peuvent être régénérées et non détruites.

Comparaison des outils : le BIA versus les Objectifs d’Impact

Les exigences auxquelles sont soumises les entreprises diffèrent selon la certification.

Pour la certification B Corp, l’organisation doit remplir le B Impact Assessment (BIA). Le BIA comporte une série de critères de certification divisés en cinq catégories : gouvernance, environnement, collaborateurs, clients, et collectivité. Pour chaque question il y a un nombre de points à recevoir en fonction des réponses, le but étant de franchir le seuil minimal des 80 points pour prétendre à la certification (à noter que ce système va changer prochainement, comme détaillé dans notre article sur les nouveautés chez B Corp). Voici quelques exemples de critères du BIA :

  • La mise en place d’indicateurs clés de performance (KPI) pour mesurer le suivi de la performance sociale et environnementale
  • Le plan en matière de couverture médicale pour les collaborateurs et collaboratrices
  • Le nombre de jours de congés payés pour les collaborateurs et collaboratrices à temps plein
  • Les dons faits à des associations caritatives
  • L’utilisation d’énergies renouvelables

La certification permaentreprise s’organise différemment : l’entreprise définit ses enjeux principaux, et fait ressortir pour chaque enjeu plusieurs projets ainsi que des actions pour les concrétiser. La mesure de l’implémentation de ces actions se fait à l’aide de 24 objectifs d’impact qui représentent le minimum à atteindre pour crédibiliser la démarche de certification et mesurer le chemin qu’il reste à faire. Dans ces objectifs, on compte par exemple :

  • L’équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle
  • L’acquisition de compétences
  • L’intensité carbone du chiffre d’affaires
  • L’écoconception des produits et services
  • Le financement de projets de préservation de la biodiversité

Une différence importante entre ces deux méthodes concerne la nature de l’évaluation. Les objectifs d’impact privilégient une approche qualitative et holistique en mettant l’accent sur des enjeux globaux pour l’entreprise. D’un autre côté, le BIA fait une évaluation plus détaillée et quantitative au niveau de l’impact de l’organisation, qui doit sélectionner parmi une liste de réponse celle ou celles qui lui correspondent. Le B Impact Assessment permet ainsi à une entreprise d’améliorer ses performances sociales et environnementales dans des domaines spécifiques, tandis que les objectifs d’impact de la permaentreprise cherchent à harmoniser l’ensemble des opérations de l’entreprise avec les principes de la permaculture. 

Cependant, les objectifs d’impact de la permaentreprise viennent combler certains aspects que le BIA n’aborde pas. La réduction de l’absentéisme, l’intensité carbone par salarié et salariée, un chiffre d’affaires réalisé à but social et/ou écologique ainsi que la perception des salariés et salariées d’un fonctionnement non top-down font par exemple défaut aux critères B Corp. A noter que la nouvelle version des critères du BIA, qui devrait être effective à partir de 2025, pourrait venir compléter ces aspects-là.

Processus de certification

Au-delà des différences d’évaluation et de critères, il existe d’autres distinctions entre les certifications permaentreprise et B Corp.

Vérification et Audit

B Corp : l’obtention de la certification s’applique au terme de la période de vérification faite par les analystes de B Lab. Ces derniers vont faire un examen approfondi des réponses soumises au BIA et vont demander à l’organisation de fournir de nombreux documents.

Permaentreprise : Un audit externe est réalisé pour vérifier la mise en œuvre des pratiques et l’atteinte des objectifs du plan d’action.

Recertification et Suivi Continu

B Corp : l’organisation doit être recertifiée tous les 3 ans en passant par une réévaluation complète de son impact en refaisant le B Impact Assessment.

Permaentreprise : un système d’audits réguliers est mis en place afin d’assurer une amélioration continue dans la démarche permaentreprise. Il n’y a pas de recertification périodique formelle.

Coûts

B Corp : si le remplissage du BIA par l’entreprise est gratuite, il y a cependant des coûts à de vérification du questionnaire qui se paient en deux instances. Il y a également des frais annuels de certification que B Lab détermine en fonction du chiffre d’affaires de l’organisation. Enfin, l’entreprise devra payer des frais notariaux si ses statuts ne sont pas conformes aux exigences de la certification B Corp.

Permaentreprise : contrairement à B Corp, les frais de certification permaentreprise ne sont pas publiés sous forme de grille de tarifs basée sur le chiffre d’affaires. Il est possible de personnaliser ces frais en fonction du plan d’action de l’entreprise et de ses besoins. Il est donc difficile d’estimer le coût d’une certification permaentreprise et donc de faire une comparaison avec les frais de la certification B Corp. On peut cependant imaginer des coûts internes liés à la mise en œuvre du plan d’action, ainsi que des coûts d’audits.

Conclusion 

Les deux certifications diffèrent par leurs sources d’inspiration, leur méthodologie, et leur processus d’application. Cependant, elles proposent une vision similaire quant au rôle des entreprises dans la société et à la nécessité de régénérer les ressources planétaires et humaines.

La certification permaentreprise est moins standardisée que la certification B Corp. Son approche holistique peut justement en faire une première étape significative pour une organisation qui désire plus tard devenir une B Corp. Dans tous les cas, posséder l’une des certifications ne signifie pas que l’autre devient inutile, au contraire ! C’est déjà une grande partie du travail qui n’est plus à faire.

Nous croyons fermement que la poursuite d’une certification environnementale ou sociale n’est pas un objectif en soit. C’est une étape qui peut intervenir dans un processus de réflexion autour de la mission des entreprises et de leur impact sur leur environnement. Peter Vanham et Andre Hoffmann abordent ce sujet de manière intéressante dans leur livre sur la transformation radicale des entreprises.

Nous restons à votre entière disposition pour une plus ample discussion sur la transformation de votre modèle d’affaire. Nous pouvons également déterminer ensemble la pertinence d’une potentielle certification dans cette démarche.

Voulez-vous en savoir plus sur les certifications ?

Voici quelques ressources sur les certifications RSE qui pourraient vous être utiles :

Nous espérons ainsi vous avoir éclairé sur les différences principales entre les certifications permaentreprise et B Corp. Grâce à notre collaboratrice Anoucha, nous espérons devenir la première entreprise suisse disposant d’une certification permaentreprise ! Si cette approche vous intéresse également, contactez-nous pour un accompagnement sur mesure.

FAQ 

La certification est une assurance écrite procurée par un organisme de certification. Elle atteste que l’entreprise a atteint un certain niveau de qualité, de compétences ou de performance selon des normes prédéfinies. On l’utilise dans divers domaines pour garantir la bonne mise en pratique de standards de qualité. Dans notre contexte, la qualité se traduit par de bonnes pratiques de durabilité environnementale et sociale.

Les avantages d’une certification sont nombreux : c’est une garantie de qualité, et donc de crédibilité. Ces aspects peuvent avoir des répercussions positives sur l’image de marque de l’entreprise et sur sa valeur commerciale. Une certification dans le domaine de la RSE démontre l’engagement social et environnemental de l’entreprise, attirant ainsi un public engagé. Une société certifiée peut donc se démarquer de sa concurrence et fidéliser une clientèle responsable.

Il existe de nombreuses certifications en Suisse et en Europe, chacune ayant des objectifs et des démarches spécifiques. Nous accompagnons également les organisations pour les certifications EcoEntreprise et EcoVadis. Voici d’autres certifications reconnues : Lucie (numérique responsable), Positive Workplace (bien-être en entreprise), certification ISO 26000 et Label Engagé RSE (Afnor).

Le choix d’une certification va dépendre de nombreux facteurs. Ceux-ci incluent notamment la vision de l’entreprise en matière de durabilité, ses objectifs, ses critères et les coûts associés. Impact environnemental, responsabilité sociale, traçabilité de sa chaîne d’approvisionnement, efficacité énergétique, santé et sécurité au travail, … Il existe de nombreux aspects complexes qu’une société peut vouloir aborder dans le cadre d’une démarche RSE.  

Dans notre accompagnement, nous prenons le temps d’échanger avec l’entreprise avant de décider si une certification est adéquate. Si c’est le cas, nous déterminons ensemble laquelle répond aux attentes de l’organisation.

De nombreuses certifications sont reconnues au niveau international, comme par exemple B Corp et ISO 26000.

Plusieurs études montrent que les entreprises qui mettent en place des pratiques RSE sont en moyenne plus performantes. Cela s’explique de par la résilience accrue et la meilleure gestion des risques que les pratiques RSE permettent. Avec l’évolution du cadre législatif et l’intensification de la crise climatique, cette tendance devrait s’accentuer dans les prochaines années.


[1] B Lab Global, https://www.bcorporation.net/en-us/movement/about-b-lab/

Laisser un commentaire