« Be the Change You Want to See in The World?” (Gandhi) Vraiment ?

Oui, je sais… cette citation est fréquemment utilisée et bien connue. Je me permets son rappel car elle reflète parfaitement le sujet de cet article, à savoir la nécessité pour les entreprises de ne pas simplement générer des politiques en RSE, des processus et des procédures, mais d’aller bien plus loin, en incarnant le changement !

Pour faire un lien avec l’article de ma collègue Sara Gnoni (réf art: « Conseils d’administration et climat : de la prise de conscience à l’action » du 2.2.2022), je reviens sur la question de l’INTEGRATION des actions face aux enjeux climatiques. Du côté des entreprises, la pression se fait de plus en plus sentir pour passer à l’action, avec l’apport d’outils (opérationnels ou financiers) et de documents de référence (tels que politique de RSE, CSRD, loi Climat, etc.).

Cette pression peut être salutaire et concrètement encourager les entreprises à faire un pas vers le développement durable. Néanmoins, elle peut également avoir la fâcheuse conséquence peu constructive de pousser les entreprises à créer des référentiels, entamer des actions de sensibilisation et rédiger une politique RSE avec l’intention – louable ou non –  de donner visibilité à leurs actions. Dans ce contexte, jusqu’où va l’intégration des bonnes pratiques au sein de l’entreprise ? Le constat actuel laisse penser que la prise de conscience est là, que les connaissances augmentent et que des actions voient le jour. Cependant, ces actions ont tendance à être mises en place en parallèle de la vie opérationnelle de l’entreprise. On encoure alors le risque qu’elles deviennent alibi, sans impact aucun sur les activités cœurs de l’entreprise.

Pour être impactante de façon optimale, la prise de conscience des enjeux climatiques doit se faire, comme l’a justement relevé Sara Gnoni, au plus haut niveau de la gouvernance : direction ou conseil d’administration (en fonction de la taille et la structure de l’entreprise ou l’organisation). Les actions impactantes seront celles qui ont un effet sur l’ensemble de la chaine de valeur : au travers de chaque communication ou transaction, de chaque document de référence et, surtout, au travers de la raison d’être de l’entreprise, incarnée par l’ensemble des parties prenantes. Cela nécessite une transformation !

Et qui dit transformation dit travail de fond ! Une réflexion sur le pourquoi l’entreprise ou l’organisation est située là où elle est, ce qu’elle fait. Sur le à qui, avec qui et pour qui elle fournit des prestations ou services. Démarrer cette transformation par une auto-réflexion sur la raison d’être permet d’y inscrire des valeurs intégrées et des principes éthiques qui ont du sens pour l’ensemble des personnes concernées, à l’interne comme à l’externe. Alors seulement les réponses aux questions «Où quoi j’en suis maintenant ? » et « Vers quoi je souhaite aller ? » pourront être identifiées et déclinées selon les enjeux – existants ou futurs – les projets et les actions.

Cette réflexion clé marque le départ d’une transformation réussie ! Elle permet d’évaluer le chemin à parcourir et d’identifier les priorités, les moyens et les outils nécessaires. C’est comme un passage de témoin entre la vision originelle de l’entreprise et celle qu’elle souhaite incarnée à présent, comme l’illustre le schéma ci-dessous.

Nous avons tendance à regarder une entreprise comme un système fixe, mais n’est-elle pas au contraire un système vivant au même titre que la nature ? D’où l’importance de se (re)questionner sur sa raison d’être afin d’avoir, à l’instar des systèmes vivants, la capacité de sentir les changements dans l’environnement et de s’adapter de l’intérieur. L’entreprise qui se donne les moyens de se remettre en question aura la capacité de sentir et de réagir de manière créative et adaptative. 

Ensuite, elle pourra faire un état des lieux des actions, prestations et projets qui sont alignés avec sa nouvelle raison d’être, trouver les outils ad hoc : analyse du cycle de vie, bilan carbone, formation et sensibilisation aux enjeux climatiques, benchmarking, indicateurs non-financiers, intégration de la « double matérialité », etc. Regrouper cet ensemble pour transformer et construire un écosystème soucieux et conscient des enjeux climatiques à TOUS LES NIVEAUX de son activité.